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19 septembre 2014 5 19 /09 /septembre /2014 17:06

Il y a des scènes dans les évangiles qui sont très émouvantes et le dernier repas de Jésus avec ses apôtres est de celles-là. On y sent passer toutes sortes d’émotions : de la tendresse à l’angoisse. Jean dit que Jésus, au cours du repas, sachant qu’il retournait à son Père, se lève, enlève son manteau et se prépare à laver les pieds de ses disciples. Son geste nous paraît si spontané, qu’il ne peut pas l’avoir prémédité, mais on ne sait pas.

Jésus veut d’abord dire à ses disciples de faire de même avec leurs semblables. « Si vous m’appelez Maître et Seigneur…si donc je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres… » Il se fait à ce moment-là l’humble serviteur, mais son geste qui est une leçon de service, a un aspect quasi maternel qui est très touchant.

Les évangiles nous ont dépeint un Jésus à la parole rude, même drue parfois. Songeons à sa réponse Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Et à cet autre qui veut d’abord aller enterrer son père, sa réplique stupéfie et nous laisse mal à l’aise : « Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts. » Mais la veille de sa mort, à la dernière Cène, on sent que Jésus veut plus que jamais assurer ses disciples de tout son amour, de toute sa tendresse. Il sait bien qu’ils auront à souffrir à cause de lui, de sa Parole.

Dans Mathieu, on lit : « J’ai désiré avec ardeur manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. » Jean, pour sa part rapporte ces paroles : « Mes petits enfants, je n’en ai plus pour longtemps avec vous … » On est si habitué d’entendre ces paroles qu’elles semblent, pour beaucoup d’entre nous, avoir perdu toute leur profondeur, toute leur beauté et le chagrin qu’elles sous-tendent ne les rejoint plus. Il aime ceux qui l’ont suivi sur les routes de la Palestine, mais il ne semble pas se faire d’illusion sur leur courage et leur fidélité. « L’un de vous me trahira… » laisse-t-il entendre. Et quand Pierre avec toute la fougue qu’on lui connaît, affirme avec force qu’il donnera sa vie pour lui, Jésus répond avec ce qui nous paraît une douce ironie : « Tu donneras ta vie pour moi ? » Pierre ne semble pas avoir compris sur le moment que Jésus savait déjà quelle serait sa réaction devant la servante qui le reconnaît comme l’un des disciples de Jésus. Il pleurera amèrement après l’avoir renié trois fois.

Ce repas qui aurait dû être une fête faite de joie, d’amitié partagée, de solidarité, se retrouve teintée d’inquiétude et de questionnement pour les apôtres, de tristesse et de déchirement pour Jésus qui sait ce qui l’attend. Son seul commandement, un véritable leitmotiv dans ces moments tragiques, c’est qu’ils s’aiment les uns les autres comme lui les a aimés. Ce sera la marque par laquelle on reconnaîtra ceux qui suivront son enseignement.

Les apôtres ne comprennent pas et se disent entre eux : « Qu’est-ce qu’il nous dit là : « Sous peu vous ne me verrez plus et puis, un peu encore et vous me verrez … qu’est-ce que ce peu ? Nous ne savons pas ce qu’il veut dire. » Ce qu’il voulait leur dire étant trop difficile pour eux à porter, il leur annonce la venue de l’Esprit qui les conduira à la vérité tout entière. Ils seront alors remplis de force, de lumière et de courage et témoigneront de leur amour pour lui par le martyre.

La vie de Jésus est arrivée à son achèvement. Avant de les quitter, dans le débordement, la démesure de son amour, il invente l’eucharistie avant de donner sa vie dans un mouvement d’amour fou, même sachant quelles atroces souffrances lui seront infligées.

J’essaie de me représenter l’événement : c’est au soleil couchant, l’ambiance est tout imprégnée de mystère que l’imagination n’arrive pas à décrire dans toute son ampleur, dans tout le tragique de la situation. Pour Jésus, c’était déchirant de quitter cette vie qu’il aimait sans doute, de quitter ses amis qui, il le sait, s’enfuiront, pris de panique, quelques heures plus tard, l’abandonnant à la cruauté et à la haine de ses ennemis. Mais son amour va au-delà de toutes les faiblesses, de toutes les trahisons.

Mais à la résurrection, tout à la joie de le retrouver, ils oublieront qu’ils l’ont abandonné. Seul Jean aura été au pied de la croix. En tout cas, il n’est pas question de regret ou de remords dans les Écritures.

Thérèse Hart

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