Jacques Gaillot et le pape

8 mars 2013

 

Jacques Gaillot  interviewé par

Liberté Dimanche,  le 3 mars 2013

Quel bilan tirez-vous du pontificat de Benoît XVI?

Un bilan contrasté. Le fossé s'est agrandi entre le monde moderne et l'Eglise catholique, entre les croyants en l'homme et l'Eglise.  Par contre, Benoît XVI a réussi sa sortie. Il a surpris tout le monde. Par sa démission, il a posé un acte de rupture.  Un acte humble et courageux, qui ouvre un avenir et donne de l'espoir. C'est un acte de modernité.  Il a désacralisé la fonction. Les futurs papes se poseront nécessairement la question de leur démission  Si Benoît XVI a osé faire cet acte de rupture, les cardinaux sont appelés a en faire autant pour réformer en profondeur la gouvernance de l'Eglise.

En  quoi le dernier pape se démarque-t-il de son prédécesseur ?

Par la renonciation à sa charge.  Il restera dans l'histoire comme le pape qui a démissionné librement.

Pensez-vous que le Conclave puisse surprendre en choisissant un pape qui marquerait un tournant dans l'histoire de la papauté,(avec un nouveau pape qui se démarquerait franchement?)

Sincèrement non. Mais je rêve à l'élection d’un pape de la paix, au grand cœur, qui ne supporte pas l'injustice  et les atteintes à  l'environnement. Un pape qui ose dire : « l'humain d'abord ». L'humain avant la loi, avant la  morale.

Regrettez-vous certaines prises de position de l'Eglise ? Ou au  contraire une faiblesse de ce côté ?

Celles dans le domaine de la morale familiale et sexuelle.  La  faiblesse de l'Eglise ? Sa collusion  avec les puissants de ce monde et sa volonté d'imposer ses vues dans des domaines qui ne lui sont plus réservés. institution ne peut plus encadrer les consciences.

Quels sont les domaines dans lesquels vous attendez une plus grande ouverture du Vatican ?

Le domaine des exclus. Faire le  choix des pauvres et poser des actes de solidarité avec tous ceux dont les droits et la dignité sont bafoués.  Reconnaître aux femmes le droit d'accès  aux ministères. S'ouvrir à la démocratie et entrer  en dialogue avec  le monde moderne. Un  dialogue fraternel et persévérant avec le Judaïsme et  l'Islam.

Pensez-vous qu'un nouveau  pape puisse répondre à votre attente ?

A vrai dire non. Mais j'aime me  laisser surprendre...

Quel est votre position sur le  droit au mariage des prêtres ? Et pensez-vous que l'Eglise puisse se pencher sur la  question prochainement ?

Laissons la liberté de choix aux intéressés. C'est  un choix et  un droit qui leur appartiennent ? Et à eux seuls.  Mais l'urgence est ailleurs : la grande injustice du monde.

Jacques Gaillot

Evêque de Partenia