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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 20:43

 

Devant les dérapages du religieux et le processus général d'effritement de toute l'existence, l'Humanité a un besoin urgent de Jésus et de laïcité.

 

André Gadbois

 

Il ne portait aucun signe distinctif, n'avait fréquenté aucune école rabbinique, ne s'était affublé d'aucun titre clérical. Il a fustigé le formalisme religieux de son époque et dénoncé tous les profiteurs qui rôdaient autour du temple. Il a refusé d'être associé à ceux qui détiennent le pouvoir et menacent au nom d'une quelconque divinité. Parfois, il se présentait à la synagogue pour se nourrir de la Parole du premier testament. Il a ébranlé les autorités religieuses de son temps en se réclamant du prophète Amos: Ce n'est pas la peine de célébrer vos sacrifices! Je ne veux plus entendre vos cantiques, ils me cassent les oreilles ... Car ce que je veux, dit Dieu, c'est que la justice coule comme un torrent intarissable (Am 5,23-24). Il a déclaré qu'il faut rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu (Le 20,25). Il a affirmé en pleine place publique que la religion est au service de l'homme et non l'inverse. Il a écarté la couronne de ses projets, ce qui a plu à un César timoré. Et comme le religieux et le politique n' étaient pas séparés, ils se sont alliés, chacun selon ses intérêts respectifs, pour l'éliminer et avoir la paix. On le nomme dans l'histoire de l'Humanité Jésus de Nazareth. le Christ, le prophète de Nazareth. Un homme libre qui a vécu au cœur des villes Avec ce petit cœur fragile Qui aimait tant et tant et tant[1]. Et cet homme vivait comme un laïc dans la société, rempli d'un Dieu vivant, désirant, gracieux, nourrissant et enivrant comme le pain et le vin, ardent comme un berger ou un fiancé.[2]Un laïc discret, attentif au prochain, recherchant sans cesse la justice et la justice et la réconciliation. Un laïc livré à la réussite de l'Humanité. Un critique du pouvoir, du divertissement qui endort, de la richesse qui produit guerre et pauvreté. Car lui était pauvre, doux, compatissant, juste, miséricordieux, faiseur de paix.

 

Dans une société où, avec raison, nous nous méfions du religieux et de ses dérapages, l'Humanité a besoin d'un laïc comme ce Jésus de Nazareth et besoin de laïcité. La laïcité n'implique pas la disparition de la religion de l'espace public. L'État est une institution humaine, le résultat d'un développement historique, le produit du travail des femmes et des hommes désireux de bien vivre ensemble sur un même territoire. L'État n'est plus sacré parce que la culture politique moderne ne lui reconnaît plus la compétence de nous dire si un dieu existe ou non. L'État ne sait pas et ne peut pas savoir s'il y a une vie ou non après la mort. L'État n'a finalement pas la compétence nécessaire pour nier le sacré au nom de la science ... Il en résulte que l'État laïque ne se fait le promoteur d'aucune conviction en matière religieuse, pas plus l'athéisme qu'une croyance religieuse, et n'en favorise aucune.[3]

 

LE RÊVE EST PERCHÉ HAUT

 

Jésus fut rarement là où on l'attendait (par exemple au temple), où c'était prévu (donc avec les purs, les forts, les gagnants), où il aurait pu donner un show. Il se déplaçait, prenait la route, observait et consacrait tout le temps nécessaire à la personne rencontrée. Il préférait les rencontres aux réunions. Jésus avait le rêve perché haut, pour reprendre une expression de Richard Séguin: il désirait que ce peu et ce beaucoup que nous sommes, bonté et méchanceté, paix et guerre, révolte et douceur[4]deviennent conscients en nous et soient utilisés comme des outils de Pentecôte. Jésus avait une visée de développement et de rapprochement qu'il tenait de Celui qu'il appelait «Abba ». Le développement de la dignité et des ressources de chacun et chacune. La mise en commun pour qu'aucun(e) ne se perde. Quel merveilleux défi pour les chrétiennes et les chrétiens que de se redéfinir dans une société laïque: se redéfinir non en fonction de l'Église, du passé et de la doctrine, mais en fonction des pauvres négligés par l'institution politique, du partage de l'environnement menacé et de l'audacieuse Parole du prophète de Nazareth! Se redéfinir en fonction du projet de Dieu notre Père.

 

Sans valeur transcendante à laquelle se raccrocher, sans modèle de société à poursuivre, sans vie exemplaire à imiter, chacun est réduit à l'étroitesse de sa quotidienneté ... Ce que nous vivons, c'est un processus général d'effritement de toute l'existence.[5] Pourquoi vivre? Comment vivre ensemble? Des questions incontournables et angoissantes qu'hommes et femmes d'un Québec laïque se posent ... et auxquelles les chrétiennes et chrétiens peuvent apporter des morceaux de réponses en autant que leur foi redevienne gaillarde et aventureuse ... loin de la secte timorée et de la religiosité égoïste.

 

 



[1] DOR Georges, Entre autres. (disque Gamma) GS122

[2] Prégent Y, dans Société laïque et christianisme, Grand’Maison, J. Novalis 2010, p. 165

[3] ROCHER, Guy, Le Québec en quête de laïcité, Écosociété 2011, p,24-25

[4] SARAMAGO, José, L'évangile selon Jésus-Christ, Seuil 1993, p. 67

 

5 PIOTTE, Jean-Marc, La communauté perdue, VLB 1987, p. 127

 

Le Précurseur Vol. 55, No 3 Juillet*août*septembre 2012 pp. 4-5

 

 

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