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"Bereshit." Ce n’est pas un hasard si la Bible commence par ce «commencement», qui donne au livre de la Genèse son nom hébraïque. Le propre de l’homme est de s’interroger sur son point de départ. Les grands mythes comme celui de la création du monde en sept jours structurent notre imaginaire. Sont-ils anecdotiques ou archaïques, secondaires, dépassés? Je ne le pense pas. Très tôt l’esprit humain a voulu dire son origine par le poème, par la connaissance symbolique, par la narration. Il n’existe guère de culture, sauf peut-être la culture chinoise, qui ne soit fondée sur un grand récit. Croire que l’on peut vivre sans cela me semble d’une infinie tristesse. L’homme est un arbre comme les autres. Coupez ses racines, il s’étiole et meurt. Empêchez-le de marcher sur les chemins de son commencement, il n’a plus d’autre ressource que celle d’un matérialisme dépressif ou compulsif. À l’origine de l’origine, il y a le Verbe. Il nous précède et nous donne la vie ; ceux de nos contemporains qui l’ignorent risquent de devenir, spirituellement parlant, des hommes et des femmes sans parole. Des muets parmi d’autres muets.
Bien sûr, il revient à chaque époque d’interpréter à nouveau ces récits anciens. La nôtre leur a fait passer l’épreuve du feu de la critique historique. Aujourd’hui encore, les fondamentalistes ne peuvent accepter ce qu’ils perçoivent comme une mise en cause de l’édifice de la foi. D’un point de vue authentiquement chrétien, rien n’a pourtant changé : l’homme n’est là ni par hasard ni pour rien ; créé il est, et créé à l’image et par la parole de Dieu. Cette noblesse originelle ne pourra jamais nous être enlevée.
Depuis des télescopes installés en plein désert, l’astrophysique scrute les tout premiers instants de l’univers. Récemment, on s’est encore rapproché du point zéro. Après dix ans de voyage, la sonde Rosetta devait atteindre ce 6 août la comète Churyumov-Gerasimenko. Avec une mission : essayer de savoir si ces blocs de glace et de poussière sont à l’origine de la présence de l’eau sur notre planète et même de la vie terrestre. Émerveillons-nous de pouvoir avancer aussi sur ce terrain, gratuitement, juste pour savoir. Là encore, on a dépassé depuis belle lurette l’opposition bébête entre théologie et connaissances nouvelles. Contrairement à ce que l’on pense, beaucoup de grands scientifiques, notamment Galilée et Newton, étaient de grands croyants. De nombreux religieux ont contribué de manière décisive à la recherche des origines. Citons l’abbé Breuil, premier préhistorien à visiter la grotte de Lascaux, ou le moine Mendel, inventeur des lois de la génétique. Sans compter le big bang, découvert par le trop méconnu abbé Lemaître.
Pas besoin d’être un génie, toutefois, pour se demander d’où l’on sort ! Chacun partage et vit cette passion humaine à partir de sa propre expérience. Voyez l’engouement de nos contemporains pour la généalogie. Voyez nos activités de l’été : pour beaucoup, un retour aux sources familiales ou spirituelles. Nous voulons tous savoir de quel mystère nous venons, que ce mystère soit celui de Dieu, celui de nos milliers d’ancêtres ou celui de la discrète rencontre entre un spermatozoïde et un ovule. En définitive, il n’y a rien de plus intéressant que notre petite histoire, avec ses ombres, ses cadavres dans le placard, et même ses gènes. Évidemment, les souffrances et les polémiques autour du « droit d’accès aux origines » montrent que ce n’est jamais simple. Tout cela valait, nous semble-t-il, un numéro exceptionnel, croisant les approches entre science et foi, entre culture et société.
Jean-Pierre Denis
Créé le 05/08/2014 / modifié le 05/08/2014 à 16h55
Tiré de La vie.com
P.-S. Le numéro 3597-398 de La Vie est un numéro double, comme chaque année. Bonne lecture à toutes et à tous. Rendez-vous très prochainement, le 21 août.